Les promenades de Mélodie en forêt la font réfléchir aux caprices de la nature et elle est catégorique; l’automne n’est pas une triste fin d’été ou un passage tristounet vers l’hiver. Il est plutôt un cadeau du ciel qu’il faut alors regarder sous un autre angle.

Du haut de ses 70 centimètres, Mélodie a pu en faire l’expérience. Pendant tout l’été, son regard a toujours été attiré par ce qu’elle voyait, droit devant elle : de la pelouse vert tendre, des fleurs de toutes les couleurs, des bosquets de graminées et même des marguerites qui venaient agrémenter tous ces coloris. L’idée que la fin de l’été puisse faire disparaître toutes ces nuances et cette féerie couleurs. Hum ! Mélodie n’y croit pas. Elle pense que la nature, tout simplement ratoureuse, les a transportées ailleurs. Pour vérifier si cela est vrai, elle s’est installée aux abords de la forêt pour vérifier son intuition.
Voici donc ce qu’elle a découvert : l’automne arrivé, Mélodie a remarqué en portant le regard vers le ciel une chose étonnante. Les belles couleurs de l’été ont tout naturellement décidé de grimper aux arbres et de s’installer sur les branches pour offrir leurs plus belles teintes, un camaïeu de jaune pâle, d’ocre, de brun roux, d’orange et de rouge glissant parfois vers le rose. Aujourd’hui, elle veut partager sa joie d’avoir découvert cette « grande vérité » : La nature a de ces coquetteries qui offrent à nos yeux un des beaux moments de l’année, pourvu qu’on étire le cou pour l’apprécier. Voilà pourquoi, selon elle, nous avons tous intérêt à nous promener le museau en l’air.

Mais pas trop longtemps, tout de même, car il faut savoir ramener ce regard vers le sol après s’être régalé de ce spectacle de couleurs. La raison en est qu’une autre surprise nous attend. Mélodie en a fait, là aussi, l’expérience. En courant dans les sentiers ombragés, elle a pu réaliser non seulement que les feuilles se laissent tomber des arbres en virevoltant pour façonner un tapis sous nos pas, mais qu’en plus, des odeurs toutes automnales s’en dégagent.
Bien sûr, les promeneurs sauront apprécier ces odeurs, sauf qu’ils ne pourront pas, comme Mélodie, y déceler toutes les subtilités que son museau peut humer grâce à son odorat beaucoup plus développé que celui des humains.
En ces moments de pur bonheur, elle se roule par terre de plaisir ! Un plaisir qu’elle aimerait bien pouvoir renouveler à chaque année, si rien — ni personne — ne vient perturber le climat et bousculer l’équilibre naturel des saisons.
VIVE L’AUTOMNE !
© Sophie-Laurence Lamontagne, 2020